Le retour de Liverpool
La ville des Beatles, qui revient de loin, prend sa revanche.
C’est au 18e s. que naît sa prospérité légendaire : grâce à son port, la ville devient la capitale mondiale de l’infâme commerce triangulaire qui consiste à échanger des esclaves contre des denrées alimentaires et des matières premières. Au temps de la Révolution industrielle, Liverpool jouit du statut envié de grande porte maritime de la Grande-Bretagne sur l’Empire colonial et le Nouveau monde.
Entre 1830 et 1930, 9 millions d’émigrés anglais, écossais, irlandais et scandinaves, passent par son port pour chercher outre-Atlantique une vie meilleure.
Les techniques explosent et le capitalisme moderne prend forme. Ainsi, en 1830, la première ligne de chemin de fer moderne relie Liverpool à Manchester. Cette ville portuaire touche au faîte de sa puissance au début du 20e s. : les docks emploient alors plus de 20 000 personnes. Las, les raids aériens de la Seconde Guerre mondiale la réduisent en ruine, à l’instar de Cologne avec qui elle est jumelée. Cible de choix pour les Allemands, Liverpool abritait derrière l’hôtel de ville le QG de la Bataille de l’Atlantique.
Dans les années 1970, le déclin des industries manufacturières (notamment le textile) et l’avènement du container, qui met ses docks légendaires au rencart, sonnent le glas de la ville. Criminalité, alcoolisme et drogue font partie du paysage quotidien.
En 1996, l’Union européenne débloque des crédits massifs pour venir en aide à cette ville sinistrée qui est l’une des plus pauvres d’Europe.
Aujourd’hui, Liverpool se réinvente en direct sous nos yeux, après avoir fêté en 2007 l’anniversaire de sa fondation (1207) et avant de se jeter à corps perdu dans une année de festivités à l’occasion de son statut de capitale européenne de la culture 2008.
Toute la ville est en travaux. Barrant le ciel, les grues concurrencent les flèches des deux impressionnantes cathédrales de la ville, la Metropolitan Cathedral of Christ the King et la Liverpool Anglican Cathedral. Sur les bords de la Mersey, une forêt de gratte-ciels jouxte maintenant le Pier Head (front de mer) et les bâtiments historiques portuaires qui ont fait la gloire de la ville.
Entre Paradise Street, Hanover Street and South John Street, le complexe urbanistique et commercial baptisé Liverpool One est le plus ambitieux projet du genre en Europe d’un coût extravagant de plus d’un milliard d’euros.
C’est tout le visage du centre-ville qui va s’en trouver transformé définitivement. Liverpool est donc en passe de devenir l’une des Mecques européennes du shopping.